Le 20 janvier 2022 a eu lieu une réunion en visioconférence entre le ministère de la Santé, Tatouage & Partage et le SNAT. Que retenir de cet échange entre l’administration et les deux organes de représentation des tatoueurs de France ?
UN CONTEXTE DE PRÉSIDENCE FRANÇAISE DU CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE 2022
Un premier état de fait s’impose : alors que la France vient de prendre la présidence de l’Europe, les administrations sanitaires ne pouvaient décemment pas jeter la nouvelle réglementation à la poubelle. Ce fut donc une réunion de concertation, où le ministère des Solidarités et de la Santé s’est enquis de nos retours, tant ceux du SNAT que de Tatouage & Partage.
UNE RÉUNION D’UNE HEURE INESPÉRÉE
Au cours de l’heure qu’a duré la réunion, nous avons pu aborder tout ce que nous souhaitions. Les représentants du SNAT (Grenouille, Alexia Cassar et Olivier Laizé) ont, quant à eux, véritablement assuré avec une argumentation très riche.
Nos interlocuteurs du ministère semblent avoir bien pris en compte ce que nos deux associations ont fait remonter :
- difficultés d’approvisionnement en encres
- tarifs des encres ayant doublé
- aucun recul sur l’usage de ces nouvelles encres tant sur la peau que sur de potentiels effets nocifs ; dès lors, à qui revient la responsabilité en cas de problème (fabricants, tatoueurs, suppliers, Union européenne…) ?
- certains tatoueurs ont fermé boutique, par peur des contrôles
Alexia Cassar a également souligné le fait que certaines encres, à usage médical, avaient été exclues de cette réglementation, alors même qu’elles s’adressent à des personnes fragiles.
PÉREMPTION DES ENCRES ET CHÔMAGE TECHNIQUE QUI NE DIT PAS SON NOM
Autre point abordé : certaines ARS disent que les tatoueurs peuvent continuer d’utiliser les anciennes encres si elles ne sont pas périmées, alors que d’autres ne répondent pas ou font savoir que la nouvelle réglementation s’applique.
Nos associations ont aussi souligné qu’il existe un manque de remontées des informations liées à des problèmes dus aux encres de tatouage, et que cette réglementation, en l’état, s’assimile à une interdiction de travailler, puisque les encres ne sont pas encore disponibles ou sont trop chères pour les tatoueurs. Elles ont mis en exergue qu’il s’agit là d’une interdiction de travailler sans compensation financière.
LE SPECTRE DE LA PRATIQUE CLANDESTINE DU TATTOO
Tatouage & Partage et le SNAT ont eu l’occasion d’exprimer leur peur quant à une potentielle augmentation de la pratique clandestine du tatouage, due au flou lié à cette réglementation.
Enfin a été évoquée la création d’un groupe de travail avec le ministère pour influer sur ce type de décisions.
VERS UNE PROCHAINE RÉUNION ENTRE TROIS MINISTÈRES
Cette réunion d’écoute va déboucher sur une autre réunion interministérielle avec :
- le ministère des Solidarités et de la Santé, toujours
- le ministère de la Transition écologique
- le ministère de l’Économie et des Finances
Le but ? Pouvoir nous répondre au plus vite sur, entre autres, le délai accordé aux professionnels du tattoo afin qu’ils puissent s’adapter aux normes REACH. Nos organismes ont également demandé à ce que la France obtienne un délai supplémentaire de la part de l’UE au sujet des encres bleues et vertes, qui doivent être elles aussi soumises à ces normes dès 2023, mais pour lesquelles aucune solution alternative n’est disponible pour le moment et qui mettrait donc en péril notre activité. Tatouage & Partage vous tient naturellement informés dès que nous aurons plus d’informations.